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2) Tunisie : Don allemand pour protéger les côtes contre l’érosion

30.11.2021, 14:46

Les côtes tunisiennes sont soumises à l’action continue des aléas physiques qui peuvent être amplifiés par l’élévation du niveau de la mer, induite par les changements climatiques.

Par Mounir Ben Hassen

L’Allemagne a accordé à la Tunisie un don de 18,5 millions d’euros pour financer une nouvelle phase d’un programme visant à protéger le littoral de ce pays sud-méditerranéen contre l’érosion marine due au changement climatique. Ce fonds a fait l’objet d’un « contrat de financement » signé entre la Banque allemande de développement (KfW) et l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL), un organisme public tunisien chargé de la mise en œuvre du « Programme de Protection du Littoral Tunisien » (PPLT).

Le don allemand est destiné à la quatrième phase du PPLT, qui porte sur la réhabilitation et la valorisation écologique et économique de zones côtières relevant des quatre gouvernorats (provinces) Nabeul (Nord-est), Sousse, Monastir (Centre-est) et Médenine (Sud-est). L’objectif est de contribuer à améliorer les conditions de vie de la population bénéficiaire et d’augmenter la résilience contre les effets nocifs du changement climatique, a souligné la KfW.

Dispartition rapide du littoral sablonneux

Le littoral tunisien présente un linéaire total de 2.290 kilomètres, répartis entre un littoral continental de 1.280 kilomètres, insulaire de 450 kilomètres et lagunaire de 560 kilomètres, selon le ministère tunisien de l’Environnement. Les côtes tunisiennes sont soumises à l’action continue des aléas physiques – courants, houles, marée, etc. – qui peuvent être amplifiés par l’élévation du niveau de la mer (ENM) induite par les changements climatiques. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’érosion côtière menace en particulier les 450 kilomètres du littoral insulaire du pays.

Le Maghreb est « la deuxième région du monde où l’érosion du littoral est la plus rapide », a annoncé récemment la Banque mondiale (BM). Entre 1984 et 2016, l’érosion des plages du Maghreb a atteint un rythme moyen de 15 centimètres par an, soit plus du double de la moyenne mondiale (7 cm). Seules les côtes d’Asie du Sud reculent à un rythme plus élevé, selon la BM.

La Tunisie subit, a-t-on ajouté, le taux d’érosion le plus important, avec un retrait annuel de près de 70 centimètres en moyenne, suivie de la Libye (28 cm). Au Maroc, le littoral sablonneux disparaît au rythme moyen de 12 centimètres par an sur la façade atlantique et de 14 centimètres sur la côte méditerranéenne – c'est près de deux fois plus que la moyenne mondiale.

Des populations exposées aux risques

Face à l’élévation du niveau de la mer et à la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes, ces phénomènes d’érosion vont s’exacerber à terme, a-t-on prévenu. En l’absence de mesures d’adaptation, les populations littorales et leurs moyens de subsistance comme la pêche et le tourisme risquent d’être durement frappés par l’intensification de l’érosion, les risques d’inondation et la pollution côtière. La majorité de la population maghrébine vit sur le littoral ou à proximité, et de nombreux habitants sont tributaires des zones côtières qui pourvoient à leur subsistance.

La KfW, qui agit pour le compte du gouvernement fédéral allemand, soutient les réformes et les infrastructures dans les pays en voie de développement. Ses objectifs comprennent l’amélioration durable de la situation économique et sociale de la population, la diminution de la pauvreté et la protection de l’environnement et du climat.